Pendant les séances d’orthophonie, on effectue des exercices ludiques pour travailler sur les difficultés relevées au bilan initial. En orthophonie, le jeu permet d’obtenir la motivation et l’implication du patient à tous les âges. Dans une partie de jeu, on obtient des récompenses ludiques pour être encouragé dans la progression de l’exercice. La plupart des jeux utilisent les règles des jeux traditionnels: Mistigri, le jeu de l’oie, le Memory, les jeux de cartes, le jeu de 7 familles, le domino, le loto, les petits chevaux, etc. Le jeu est un apprentissage. Tous ces jeux traditionnels permettent de travailler de nombreux pré-requis dans les apprentissages, les relations sociales et la communication. Alors n’hésitez pas à effectuer des parties de jeux traditionnels en famille dès le plus jeune âge pour apprendre en s’amusant!
L’apprentissage en orthophonie par le jeu
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L’apprentissage de la communication par le jeu
Lorsque l’on joue, on apprend de nombreux précurseurs de la communication. Le premier apprentissage dans un jeu est le tour de rôle: il permet d’intégrer le tour de parole. Ce tour de rôle peut être matérialisé par un objet du jeu comme le dé. Dans le jeu, on individualise les objets appartenant à chaque joueur: mes cartes, mon pion, mes points, etc. Le jeu permet également d’acquérir le contact visuel et l’attention sociale: on regarde son adversaire. Pendant une partie, on développe sa compréhension et son expression non verbale: reconnaissance des expressions faciales, expression par une action, etc. L’attention conjointe est un autre précurseur que l’on retrouve dans une partie. On alterne le regard entre le jeu et son adversaire. On partage son intérêt pour le jeu en donnant le dé, les cartes et en pointant des objets du jeu. On attire l’attention de son adversaire dans certains temps du jeu. L’imitation motrice et verbale sont aussi très présentes dans une partie de jeu. Enfin, l’organisation dans l’espace et le temps appartiennent aux précurseurs de la communication et sont présents dans le jeu: déplacement d’un pion, début et fin d’une partie, attente de son tour, placement et tri des cartes, faire des choix, et anticiper les actions.
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L’apprentissage des relations sociales par le jeu
Les relations sociales dans un jeu sont très importantes. On doit parfois collaborer, se challenger, s’affronter, se féliciter, etc. Le jeu permet de développer l’interaction réciproque: prendre son tour, attendre son tour, et répéter une action pour maintenir l’interaction dans le jeu. Dans une partie, on doit également gérer ses émotions: joie, déception, impatience, jalousie, excitation, empathie, colère, etc. La gestion des émotions permet de réguler ses relations sociales: on doit d’abord apprendre à contrôler ses propres émotions pour ensuite interagir avec les émotions des autres. La théorie de l’Esprit, c’est-à-dire l’aptitude cognitive permettant de se représenter les états mentaux des autres individus, est souvent en jeu au cours d’une partie. On doit effectuer des inférences à partir de l’observation des comportements des autres individus pour élaborer des stratégies.
Exemples d’apprentissage dans les jeux traditionnels
Dans chaque jeu traditionnel, on trouve de nombreux apprentissages nécessaires aux apprentissages scolaires. En effet, les jeux traditionnels permettent de développer des pré-requis pour la lecture, le langage oral, les mathématiques, l’écriture, l’histoire, la géographie, et autres matières scolaires.
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Les apprentissages dans le jeu de 7 familles
Dans une partie de 7 familles, plusieurs compétences sont nécessaires:
- formuler/comprendre une demande: lorsque l’on demande une carte à l’un de ses adversaires, on doit effectuer une phrase grammaticalement correcte de type “dans la famille Jajou, je voudrais le père”. De même, lorsqu’un adversaire nous demande une carte, on doit comprendre le sens de la phrase. On travaille alors la compréhension et l’expression syntaxique en langage oral.
- développer la classification: on doit classer ses cartes par famille pour demander les cartes manquantes. La compétence de classification est une structure logique socle nécessaire aux apprentissages mathématiques.
- utiliser le raisonnement hypothético-déductif: pour demander une carte, on doit réfléchir pour trouver les membres de la famille qui nous manquent. Par exemple, “j’ai le père, la mère et la fille donc je vais demander le fils ou le grand-père ou la grand-mère”. On travaille alors le raisonnement hypothético-déductif nécessaire à la résolution de problèmes en mathématiques ou encore à la compréhension de textes.
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Les apprentissages dans le jeu des petits chevaux
Dans une partie de petits chevaux, plusieurs compétences sont nécessaires:
- reconnaître la constellation du dé: la disposition des points sur le dé permet de dénombrer une quantité sans compter les points un à un. L’apprentissage de la constellation du dé favorise un dénombrement rapide et sans erreur.
- développer la comptine numérique et le dénombrement: lorsque l’on avance ou recule son pion sur le plateau, on récite la comptine numérique. Cette action permet également de comprendre la grandeur des chiffres. On doit aussi comprendre que “1” correspond à un premier pas et que “0” correspond à rester sur place.
- développer la lecture du code arabe écrit: lorsque l’on est sur l’échelle finale, on doit lire et reconnaître les chiffres de 1 à 6. C’est un apprentissage en mathématiques.
- comprendre les concepts d’addition et de soustraction: lorsque l’on avance sur le plateau, on effectue une addition. Lorsque l’on recule sur le plateau, on effectue une soustraction. Ces actions permettent de comprendre le sens des opérations. Cette compétence est nécessaire pour associer une opération à un problème en mathématiques.
- développer la motricité fine: le lancer du dé et le déplacement des pions permettent de développer la motricité fine. Cette compétence est nécessaire dans l’apprentissage de l’écriture pour la tenue du stylo et le mouvement des articulations.
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Les apprentissages dans le jeu de l’oie
Dans une partie de jeu de l’oie, plusieurs compétences sont nécessaires:
- reconnaître la constellation du dé: la disposition des points sur le dé permet de dénombrer une quantité sans compter les points un à un. L’apprentissage de la constellation du dé favorise un dénombrement rapide et sans erreur.
- développer la comptine numérique et le dénombrement: lorsque l’on avance son pion sur le plateau, on récite la comptine numérique. On doit également comprendre que “1” correspond à un premier pas et intégrer le concept “0”.
- comprendre les consignes: lorsque l’on arrive sur une case du plateau, on doit effectuer une action en fonction de la consigne. Cette capacité est nécessaire dans les apprentissages pour toutes les matières scolaires.